>>> Cet article s’inscrit dans une série d’histoires abordées dans La Fresque de l’innovation ©, un atelier ludique et participatif pour diffuser la culture de l’innovation.
Le récit de l’histoire
Tout commence en 1968, quand le chimiste Spencer Silver chez 3M cherche une colle surpuissante… et obtient l’inverse : un adhésif qui colle sans jamais vraiment fixer. Anomalie ou échec ? Il choisit d’en parler partout où il peut. La graine reste, discrète, mais vivante.
En 1974, l’ingénieur Art Fry, choriste à ses heures, peste contre les signets qui glissent de son cahier de chants. Il se souvient de l’adhésif « faible » de Silver et imagine un marque-page repositionnable. Premier prototype : ça tient, ça s’enlève, ça se recolle, sans abîmer le papier. L’usage prend le lead sur la techno : l’idée devient solution.
Trois ans plus tard, en 1977, 3M teste le produit. Accueil poli, adoption tiède : « sympa », mais pas indispensable. L’équipe itère, clarifie formats et usages. Il manque encore l’étincelle : faire essayer pour faire comprendre.

Alors, en 1979, changement de jeu : distribution massive d’échantillons dans les bureaux. Déclic immédiat : quand on l’utilise, on le veut. En 1980, le lancement national consacre le Post-it : un petit carré jaune qui capture les idées et synchronise les équipes.
En quelques années, il devient l’outil de bureau incontournable. La preuve qu’un « accident » bien lu, relié à un problème concret, testé au bon endroit, peut redessiner nos habitudes.
Points clés à retenir
Une veille permanente nourrit la créativité
Fry a accédé à cette connaissance parce qu’il restait curieux et cherchait à s’informer. La veille n’est pas un luxe : c’est le carburant des connexions inattendues.
Cartographiez sources, signaux faibles et cas d’usage ; mettez en place des routines légères (alertes, lectures, démos internes). Votre futur “accident heureux” est peut-être déjà dans vos notes, en attente d’un problème à rencontrer.
À lire : Comment faire une veille techno efficace
Un problème à résoudre… est une opportunité déguisée
Le marque-page qui tombe a été en quelque sorte la boussole de Fry : résoudre un irritant réel. La rencontre « problème × capacité » produit souvent l’idée la plus solide, tout simplement parce qu’elle naît d’un usage.
Partez d’un « caillou dans la chaussure », replongez-vous dans la situation, observez gestes et contraintes, puis croisez-les avec vos ressources dormantes (technos, savoir-faire, ébauches).
À lire : Problème à résoudre : point de départ de nombreuses innovations
L’adoption se gagne par la preuve et le récit
Le tournant vient quand 3M fait essayer le produit aux utilisateurs ciblés : la démonstration précède la persuasion. C’est ainsi que les utilisateurs les plus demandeurs de cette offre se transforment en ambassadeurs.
Multipliez preuves d’usage : échantillons, tests d’usage, cas concrets et bénéfices visibles en moins d’une minute. Ensuite, racontez : qui gagne quoi, à quel moment, et avec quel effort. La clarté du récit abaisse le coût d’entrée.
À lire : Communication externe : favoriser l’adoption de l’innovation & Tests d’usage : vos utilisateurs sont vos meilleurs alliés
Et maintenant ?
Vous souhaitez cheminer sur les traces de Art Fry en révélant vous aussi une opportunité, commencez par 3 actions simples. Voici votre TO DO LIST.
- Listez 10 irritants concrets que vous avez en tête et que vous n’avez pas encore solutionnés. Pour chacun, décrivez la situation, le moment, la conséquence.
- Identifiez un sujet prioritaire et planifiez une action de veille simple et pratique à mettre en œuvre :
- Programmez un salon pro, une conférence,
- Lancez une recherche approfondie sur internet,
- Parlez-en autour de vous : collègues, fournisseurs, partenaires, etc.
- Une opportunité apparaît ? Montez un mini-test d’usage : une maquette frugale ou un détournement d’outil existant, à faire essayer à plusieurs personnes. Recueillez un feedback.
Cette démarche vous permettra de révéler des opportunités et d’actionner une première étape facilement avec les moyens du bord. C’est souvent suffisant pour apporter une preuve d’utilité, un langage commun autour du problème, et la matière pour décider d’itérer ou d’industrialiser avec confiance.
Voilà, c’est la fin de cet article. S’il vous a inspiré, n’hésitez pas à le partager avec vos collègues, à en discuter en équipe, ou à me poser vos questions.