L’évolution de la clôture électrique est intéressante, car elle traduit une série d’innovations par l’usage tendant à simplifier la vie de l’utilisateur.
Récemment avec l’équipe du Crunch Lab de l’UTBM, j’ai eu l’occasion d’animer une séance de créativité pour des éleveurs de Charolais qui souhaitaient améliorer certaines de leurs pratiques comme notamment la pose de clôtures électriques mobiles.
Le besoin de mobilité au niveau de la clôture se justifie lorsque l’éleveur souhaite déplacer son troupeau sur une partie où l’herbe est plus haute permettant ainsi aux pâturages précédents de se régénérer.
Le problème pour l’éleveur est le temps consacré à la mise en oeuvre du dispositif. La préparation du matériel, la pose de la clôture et le démontage prennent un temps fou. Il faut ajouter à cela, la manipulation des piquets et des rouleaux de fil qui ne facilitent pas les choses.
L’immersion dans le monde du produit
Ne pas réinventer la roue
Pour innover, il est utile de tirer profit de ce qui existe déjà pour ne pas réinventer la roue ! C’est un bon moyen pour partir sur de bonnes bases et tenter d’améliorer concrètement les choses. Le fait de connaître l’état de la technique et en comprendre les limites fait souvent apparaître de nouvelles opportunités.
S’inspirer de l’état de l’Art
Avant d’aborder la résolution d’un problème, il est important de s’immerger dans l’univers technique du produit. Et notamment en regardant les brevets d’invention qui constituent l’état de l’Art actuel. C’est une mine d’or à ciel ouvert !
J’ai donc mené cette recherche d’antériorités avant cette séance de créativité et je profite de cet article pour partager avec vous 10 brevets d’invention qui selon moi illustrent le mieux l’évolution technique de la clôture électrique mobile.
C’est l’occasion pour vous de mesurer l’intérêt de consacrer du temps à cette démarche pour enrichir votre bagage technique. Vous découvrirez également les principes d’innovation qui ont été mis en oeuvre tout au long de l’évolution de ce produit.
L’évolution technique de la clôture électrique mobile
L’enceinte électrifiée
En 1946, l’américain KENNEDY RAYMOND invente une clôture électrique semi-rigide. Cette enceinte électrifiée est constituée de plaques allongées et reliées entre elles par des fils de liaison. Selon le descriptif du brevet d’invention, elle est facilement transportable et actionnable à la demande.
L’enrouleur de fil électrique de clôture
La clôture électrique évolue vers l’usage d’un fil électrique. Et c’est en 1957 que l’anglais MAX HAUPT invente un système d’enrouleur de fil facilitant ainsi son usage. Le système se constitue d’un pied équipé d’une bobine de fil associée à un ressort de torsion permettant de garder le fil sous tension et de faciliter le rembobinage au moment du démontage de la clôture. Le système de clôture devient plus dynamique pour adapter sa longueur en fonction du besoin.
Vous noterez également sur le dessin une excroissance locale de la base du piquet permettant à l’utilisateur de l’enfoncer plus facilement avec le pied.
La clôture électrique roulante
En 1978, l’américain DIGGS RICHARD invente le perfectionnement d’un système en totale rupture avec les versions précédentes. Les piquets sont remplacés astucieusement par des roues déplaçables facilement vers un nouvel emplacement. Lorsque la clôture est déplacée, les roues se déplacent avec le fil, devenant des poteaux de clôture roulants. Le fil électrique, passant au centre de la roue, se tend grâce à des points d’accroche sur la clôture permanente.
La clôture électrique portative légère
En 1980, la société C.F.C.E. CAPEZ dépose le brevet d’une clôture portative légère répondant au problème de poids particulièrement gênant au moment de la pose. Ce système dispose de plusieurs fils indépendants pouvant être alimentés électriquement ou non selon le type de bétail, la nature du terrain et le climat considéré. Les fils sont fixés aux piquets au moment de la fabrication. Ce principe de groupement du fil et du piquet évite tout risque d’usure et d’étincelle au niveau de la liaison.
La clôture électrique araignée
En 1982, la société GALLAGHER ELECTRONICS dépose un brevet sur le perfectionnement du concept de clôture tournante. Les éléments roulants sont constitués de bras radiaux reliés à un moyeu qui automatiquement les connecte et déconnecte successivement au fil de clôture. L’idée est d’éviter que les bras en contact avec le sol ne court-circuitent la clôture, tout en permettant aux bras non en contact avec le sol d’être sous tension, de manière à décourager les animaux d’interférer avec la position de ces éléments.
Système d’aide à la pose de clôture
En 1986, le Néo-Zélandais HEATH L. invente un système de support de bobine de fil facilitant la pose pour l’utilisateur. Les bobines groupées sur un même châssis peuvent être ou non connectées à l’axe d’enroulement à la demande en fonction du besoin. Le déroulement du fil provenant de chacune des bobines se fait donc en parallèle : gain de temps pour l’utilisateur.
Le fil de clôture extrudé
En 1987, le Néo-zélandais STANDING COLIN ANTHONY invente un fil électrique extrudé avec une gaine rendue conductrice par l’incorporation de poils métalliques ou de plastifiants conducteurs. L’air de rien, cette protection préalable rend moins vulnérable le fil contre toute agression extérieure et de plus évite la formation de noeuds.
Le fil de clôture en forme de ruban
En 1991, le Néo-zélandais MONOPOLI DION invente un ruban tissé avec des fils isolants de structure et incluant d’autres fils quant à eux conducteurs. Un tressage astucieux des fils conducteurs permet de créer des ponts garantissant la conduction du courant même si l’un d’entre eux venait à être sectionné.
Système de pose de clôture électrique adaptée à un quad
En 1998, le Néo-zélandais WIERZBICKI JAN HENRY invente un système de pose de clôture adapté à l’usage d’un véhicule tout terrain comme le montre l’illustration. L’appareil comprend un support de bobine sur lequel le fil de clôture peut être chargé et un guide pour positionner le fil correctement au moment de la pose des piquets. Le groupement du système avec le quad est pertinent pour couvrir de grandes distances. Cela permet également de supporter le poids de bobines pouvant aller jusqu’à 5kg chacune.
La clôture électrifiée
En 2010, le Néo-zélandais REID PAUL CLIFFORD invente un concept de clôture portable tout intégré. Ce système portatif comprend des piquets, un dévidoir de fil métallique et un boîtier dynamique disposant d’un tendeur pour adapter la longueur du fil en fonction du besoin. Évidemment la longueur de fil et le nombre de piquets sont limités, mais cela convient très bien pour des usages allant jusqu’à 100 mètres de clôture.
Par ailleurs, vous noterez que le groupement des différentes parties et leurs interactions font de ce système un produit très malin en termes d’ergonomie et de facilité d’usage.
Observations sur l’évolution de la clôture électrique mobile
Une évolution vers plus de dynamisme et d’intégration
Le passage en revue de ces brevets d’invention fait apparaître une évolution assez nette vers plus de dynamisme. Initialement l’enceinte était rigide, puis l’usage d’un fil électrique a rendu le concept plus souple d’utilisation. Et enfin, le système a intégré des enrouleurs permettant d’adapter la longueur du fil en fonction du besoin.
Le niveau d’intégration des différentes parties a permis de les faire interagir avec cohérence et efficacité. Désormais, l’utilisateur a tout sous la main et manipule un kit complet avec facilité. Le temps de pose s’en trouve raccourci.
Le lieu de pratique : un territoire d’innovation
On peut également observer le nombre de brevets déposés en Nouvelle-Zélande : une terre d’élevage. Ce qui montre bien la corrélation entre l’innovation et le territoire où se situe l’usage d’un produit. A noter que l’entreprise leader mondial de la clôture électrique Gallagher est née dans ce pays.
Les principes d’innovation utilisés
Pour chacun des brevets, vous avez pu identifier le principe d’innovation qui illustre le mieux l’évolution qui a eu lieu. C’est toujours l’occasion de vous montrer la simplicité des principes utilisés.
Nous avons abordé dans cet article les principes suivants : dynamisme, qualité, locale, courbe, groupement, protection préalable et inclusion. Il se trouve que ce sont 7 principes issus des 40 principes d’innovation de TRIZ.
Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂