L’évolution des palmes de plongée nous montre les principes qui leur ont permis de s’améliorer pas à pas sur plus d’un siècle.
On a pas toujours l’occasion de porter un regard historique sur l’évolution d’un produit. Pourtant, c’est toujours riche d’enseignement, car c’est avec cette prise de recul que les lignes d’évolution et les tendances se dessinent.
J’ai commencé à m’intéresser à ces produits lorsque j’étais chef de projet chez Tribord sur les palmes et masques de plongée. C’est l’occasion à travers cet article de rendre hommage à tous ces inventeurs qui ont su – par leur talent et leur ingéniosité – faire progresser ce produit vers plus de performance et plus de facilité d’usage.
J’ai sélectionné pour vous sur Espacenet 11 brevets d’invention parmi des centaines disponibles dans les bases brevets. Cette sélection donne un bon aperçu de l’évolution technique des palmes de plongée.
Pour chacun d’eux, vous découvrirez le principe d’innovation qui a permis au produit de se différencier et d’apporter un plus par rapport au précédent.
C’est l’occasion aussi de prendre du recul sur plus d’un siècle d’évolution pour mieux comprendre les lois qui régissent cette évolution.
L’évolution technique des palmes de plongée
L’invention de la première palme
En 1907, l’anglais KRISKOVIC MICHAEL dépose le premier brevet d’une palme sous le n°GB190703622A. Il s’agit d’une plaque reliée au pied par de simples boucles. L’inventeur décrit sa création comme un système d’assistance à la nage. Il propose la même chose pour les mains.
La palme flexible pour une meilleure propulsion
En 1933, le français LOUIS MARIE DE CORLIEU invente un vrai moyen de propulsion qui préfigure la palme telle que nous la connaissons aujourd’hui. Une partie flexible lui apporte plus de dynamisme. Le brevet de cette invention – déposé sous le n°FR767013A – présente également un système équivalent pour les mains.
La palme monobloc en caoutchouc
En 1940, l’américain CHURCHILL OWEN invente une palme asymétrique moulée en caoutchouc équipée de nervures latérales permettant d’obtenir le bon niveau de flexibilité. Cette palme monobloc est un groupement du chaussant et de la plaque de propulsion. Le numéro de brevet de cette invention est US2321009A.
La palme détachable pour la marche
En 1955, l’américain WOZENERAFT JOHN invente une palme partiellement détachable. Elle facilite la marche en étant placée dans une autre dimension. Un système d’attache réglable sur le dessus du pied permet de maintenir la palme en position pour la nage. Le numéro de brevet de cette invention est US2903719A.
La palme articulée du commandant Cousteau
En 1959, le québécois EMILE GAGNAN et le français JACQUES-YVES COUSTEAU inventent une palme articulée. Cette astuce permet de placer la partie propulsive dans différentes positions optimales pour la nage. Cette déformation locale et limitée permet de mieux contrôler le dynamisme de la palme. Le numéro de brevet de cette invention est US3082442A.
La palme 2 en 1
En 1964, l’espagnol MAHE MONTRAISIN JUAN invente une palme composée de deux pièces séparées et indépendantes reliées ensemble à volonté par l’utilisateur. La segmentation de la palme aboutie à un produit 2 en 1 : chausson pour la marche ou palme pour la nage. Le numéro de brevet de cette invention est ES106692U.
La palme articulée avec une position pour la marche
En 1965, l’américain BRION BENJAMIN invente une palme articulée pouvant se mettre dans deux positions : l’une pour la nage et l’autre pour la marche. Le verrouillage dans chacune des positions permet un meilleur contrôle du changement de position dans une autre dimension. Le numéro de brevet de cette invention est US3315286A.
La palme surmoulée sur une structure plus rigide
En 1966, l’américain FRANK N. MURDOCH invente une palme avec des renforts noyés dans ses nervures. Elle préfigure toutes les évolutions suivantes qui apporteront une qualité locale à certaines parties de la voilure. Il est à noter que cette invention est rendue possible grâce à l’évolution des procédés de surmoulage. Le numéro de brevet de cette invention est US3411165A.
L’innovation d’usage vu par Décathlon
En 2009, les français CAPRICE CEDRIC, DOBY PATRICK, FAVENNEC JORIS et GRANDJEAN ARNAUD inventent un système de verrouillage en position avant et de butée en position arrière. Cette solution limite et contrôle le pivotement de la voilure. Cette invention est brevetée sous le n°FR2953731A1. Les équipes de Décathlon ont concrétisé cette innovation avec la palme Weego.
La palme à géométrie variable
En 2019, les Espagnols ARMISEN BOBO PEDRO, MORATO MANZANO JORGE et RECIO DIAZ MARIA DEL MAR ont inventé une palme à géométrie variable permettant de s’adapter à 4 types de nage. Ce système rend cette palme plus dynamique et multifonctionnelle. Le numéro de brevet est de cette invention est ES2735634A1.
La palme à rigidité variable
En 2020, le chinois ZHU GUANG invente une palme à rigidité variable permettant de régler manuellement la puissance de propulsion à l’aide de tige de sections différentes intégrées judicieusement dans les longerons latéraux. Cette solution apporte là aussi plus de dynamisme pour adapter les caractéristiques de la palme aux besoins d’usage de l’utilisateur. Le numéro de brevet de cette invention est CN110856765A.
Quelles observations faire sur ces brevets d’invention
Les palmes de plongée suivent une loi d’évolution
Les palmes ont évolué vers plus de dynamisme pour apporter plus de flexibilité d’usage.
- Tout d’abord, les premières palmes rigides sont devenues flexibles pour une meilleure propulsion et plus de confort.
- Ensuite, leur conception a permis de pouvoir les articuler pour faciliter la marche.
- Puis, les derniers concepts permettent un meilleur contrôle du comportement de la palme que ce soit au niveau de sa position que de sa rigidité.
Ces différentes étapes sont énoncées dans une loi d’évolution : la dynamisation et la contrôlabilité des objets. Cet énoncé fait partie des 8 lois d’évolution de la méthode TRIZ.
Chaque invention s’appuie sur un principe d’innovation
Pour chacun des brevets, vous avez pu voir le principe d’innovation qui traduit le mieux l’évolution par rapport à la version précédente du produit. C’est l’occasion de vous montrer la simplicité des principes en jeu pour innover sur un produit.
Nous avons abordé ici le dynamisme, l’asymétrie, le groupement, la qualité locale, l’autre dimension, la segmentation et la multifonction. Ce sont 7 principes issus des 40 principes d’innovation de TRIZ.
Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂