Vous avez trouvé une idée innovante: génial ! Il vous reste maintenant à la concrétiser en évitant les principales erreurs que font de nombreux inventeurs.
Lorsqu’on admire une innovation sur le marché, on salue avant tout l’idée innovante qui est proposée. Bien souvent, on aurait aimé l’avoir eue soi-même et vivre l’aventure sans doute passionnante vécue par l’inventeur.
En réalité, on ne s’attarde pas vraiment aux difficultés que le créateur a rencontrées pour y parvenir. Il se trouve que les risques de ne pas transformer cette idée en produit commercialisé sont nombreux.
Je partage avec vous 10 erreurs à éviter au moment de vous lancer dans la concrétisation d’une idée innovante. Il vaut mieux en avoir conscience pour être plus serein dans la suite des opérations.
1 – Sous-estimer le travail à réaliser
On associe trop souvent l’innovation au fait de trouver une idée géniale, originale ou inventive. En réalité ce n’est que le début de l’aventure … voire le tout début ! La plus grande partie du travail en est la conception, l’industrialisation, la mise en production et sa commercialisation. A cela, il faut ajouter les nombreux allers-retours liés à l’incertitude des choix qui ont été faits.
Si on n’accepte pas de revoir sa copie régulièrement, de devoir changer au dernier moment certaines choses, il vaut mieux ne pas se lancer dans l’innovation. La souplesse d’esprit, la capacité de travail et la persévérance sont des qualités essentielles pour l’innovateur. Sans prendre conscience de cela, on risque de partir la fleur au fusil et de se décourager à la première difficulté.
« L’innovation c’est 1% de génie et 99% de travail. » Thomas Edison – Inventeur
A cela, il faut ajouter notre tendance naturelle à surestimer nos propres capacités à faire les choses. C’est d’autant plus vrai lorsqu’on a une expérience limitée dans un domaine. C’est un biais cognitif bien humain qu’il faut prendre en compte avant de se lancer.
Par exemple, on connaît tous cela, au moment de se lancer dans du bricolage. On pensait en avoir pour 1h et cela nous prend en réalité 4 heures …
2 – Se limiter à son idée innovante de départ
Lorsqu’on a une idée innovante, on part souvent d’une expérience ou d’une observation. Ce point de départ est donc centré sur notre perception et notre compréhension des choses.
Si on se limite à cela, on prend le risque de faire un produit pour soi et non pour les autres … On prend le risque d’ignorer si cela répond à un vrai besoin partagé par le plus grand nombre et de foncer tête baissée dans la technique.
Penser performance et technologie avant de penser bénéfice pour l’utilisateur est une erreur couramment rencontrée. Alors qu’il est essentiel de se centrer sur les utilisateurs pour confirmer les avantages du produit, observer l’expérience qu’ils vivent et recueillir leurs ressentis.
« La valeur d’une idée dépend de son utilisation. » Thomas Edison – Inventeur
Avoir une idée est plutôt facile, le plus difficile est de la concrétiser et de savoir si c’est une bonne idée. Pour cela vous devez confronter votre idée à la dure réalité du terrain et la faire mûrir en conséquence.
3 – Ignorer le potentiel du marché
Avoir une idée innovante pour un produit c’est bien, mais si c’est pour ne pas en vendre, à quoi bon … Pour vendre votre produit, il faut réussir à mettre en avant une différenciation par rapport à l’offre existante. Si vous êtes inconnu et que vous n’apportez pas de différence … malheureusement vous resterez inconnu.
Pour remédier à cela, il est incontournable de prendre en compte les autres acteurs du marché. Identifier leurs points forts et leurs faiblesses vous permettra de mieux vous positionner. D’ailleurs, je vous invite à tester les produits concurrents pour vous faire un vrai avis sur la question.
De plus, connaître le potentiel de son marché est important pour définir si ça en vaut la peine. Cela vous permettra de projeter un business plan avec des données plus solides.
« Trop souvent, les individus travaillent dur pour quelque chose qui ne vaut pas le coup. Travailler pour quelque chose qui vaut le coup est probablement plus important que travailler dur. » Caterina Fake – Fondatrice de Flickr.com
Par exemple, un bon moyen pour connaître un nouveau marché potentiel est tout simplement d’identifier le nombre d’acteurs. Pour cela, vous pouvez utiliser le web pour vous faire une idée en regardant tout simplement le nombre de publicités Google sur un mot clé qui traduit votre nouveau marché.
4 – Tarder à prototyper
J’observe souvent des concepteurs aller très loin dans la conception d’une idée innovante avant de penser à prototyper. Souvent parce qu’ils pensent que, pour être utile, le prototype doit être parfait. C’est une erreur, car de nombreux problèmes peuvent être évités très tôt par la réalisation d’un prototype même réalisé avec du carton et du scotch…
Un proto est un excellent moyen pour changer de point de vue et d’associer d’autres perceptions telles que le toucher, la prise en main, le confort ou l’impression générale. Cela permet surtout de tester le produit au plus tôt et de commencer le cercle vertueux de l’apprentissage en mode essai-erreur !
« C’est aussi simple que cela : si je ne tente jamais rien , je n’apprends jamais rien. » Hugh Prather – Écrivain
Le prototype permet aussi à de nombreuses personnes de pouvoir donner un avis plus précis sur ce qu’elles ressentent. Tout le monde n’est pas forcément à l’aise à la vue d’un dessin ou d’un schéma. On n’a pas tous les mêmes capacités d’abstraction pour évaluer la valeur d’une idée innovante.
En réalité, une idée n’a pas beaucoup de valeur en soi. Ce qui compte c’est surtout la manière dont elle est concrétisée. D’ailleurs c’est la combinaison de moyens qui est brevetable et non pas l’idée en elle-même.
5 – S’enfermer sur soi-même
Lorsqu’on invente quelque chose, une des premières peurs est de se faire copier. C’est assez légitime et il faut y prêter attention.
En revanche, le risque est de se refermer sur soi-même et d’appauvrir le potentiel de son idée innovante. Alors qu’on apprend toujours des autres. La confrontation d’idée est une dynamique positive de laquelle jaillissent toujours des propositions plus pertinentes.
S’ouvrir aux autres est aussi un bon moyen d’anticiper ou de résoudre des problèmes que nous n’aurions jamais pu traiter tout seul.
« Tout seul, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin. » Proverbe Africain
L’idéal est de solliciter au plus tôt le feedback de clients potentiels et non de vos amis ou de vos proches. L’important est d’avoir un vrai retour qui traduit un business potentiel et non pas un moyen d’agir sur l’estime de soi. Pour cela, il vaut d’ailleurs mieux prendre un certain recul par rapport aux feedbacks et ne pas prendre les choses trop à cœur 😉
6 – Penser être le seul à avoir eu l’idée
On a tous connu ce moment d’excitation d’avoir une idée géniale. Une idée que l’on trouve innovante parce qu’on ne l’a tout simplement jamais vue ailleurs. On s’imagine déjà sur la voie du succès !
En réalité, il y a de fortes chances qu’une offre produit proche existe déjà ailleurs. Il faut garder en tête qu’on connait qu’une petite partie des produits commercialisés et des brevets déjà déposés. Et c’est d’autant plus vrai sur un nouveau marché.
Et inévitablement, lorsqu’on découvre à un moment donné un produit existant proche, c’est l’ascenseur émotionnel. Après la joie et l’excitation suit le découragement. Et plus nous avons investi de temps sur le projet avant de s’apercevoir que l’idée existe déjà, plus la déception est forte.
« Les grandes idées sont comme l’air : tout le monde les respire, tout le monde s’en nourrit. » Alain – Philosophe
C’est la raison pour laquelle il est incontournable de faire une recherche d’antériorité assez tôt pour observer si l’idée existe déjà sur le marché ou sur un brevet. C’est un investissement en temps toujours rentable.
7 – Mal se protéger
Dans la réalisation de votre projet, il se trouve que vous devrez communiquer. Et il n’est pas toujours évident de savoir ce qu’on peut dire ou ne pas dire. Au risque parfois de divulguer le cœur de l’invention par mégarde.
Une astuce est de ne pas tout donner à la même personne. Vous devez rester le seul avec la vision complète du puzzle. Le meilleur moyen pour maîtriser la situation est de compartimenter sa communication et de ne dire à votre interlocuteur que ce qu’il a besoin d’entendre.
« Pour agir avec prudence, il faut savoir écouter. » Sophocle – Dramaturge
Il existe aussi plusieurs moyens pour se protéger. Tout d’abord l’enveloppe Soleau qui permet de dater votre création. En revanche j’attire votre attention sur le fait qu’il faille y mettre suffisamment d’informations sur la mise en œuvre de votre création.
Ensuite, il y a la solution du brevet d’invention qui représente un bon moyen pour la protection de votre création. Encore faut-il ne pas le déposer trop tôt ou trop tard …
- Trop tôt, vous prendrez le risque d’engager des frais sur des revendications desquelles vous pouvez vous éloigner au moment de la mise au point de votre produit. Sur un projet d’innovation, les allers-retours sont fréquents. Il faut donc prendre en compte cette situation.
- Et si vous vous lancez trop tard dans la rédaction de votre brevet, vous prendrez le risque de ne pas être prêt si une opportunité se présente. Cela peut être un client intéressé ou un salon professionnel intéressant pour présenter votre produit …
Enfin, vous pouvez mettre en place un contrat de confidentialité pour définir le cadre de vos échanges et communiquer avec plus de sérénité.
8 – Être perfectionniste
Le fait d’être perfectionniste semble a priori une qualité pour faire un bon produit. Mais le souci est que cela rallonge considérablement les itérations nécessaires à l’élaboration d’un projet innovant.
Le perfectionnisme peut aussi cacher une tendance à la procrastination. Je ne parle pas ici du simple fait de remettre une tâche au lendemain. Mais tout simplement une procrastination « intelligente » qui tend à nous faire aller dans le détail des choses pour retarder le passage à l’action ou la prise d’une décision.
En réalité de nombreuses étapes du processus créatif d’un produit ne nécessitent pas d’être parfait. Un livrable rapide est souvent suffisant pour prendre une décision. Par exemple un prototype n’a pas besoin d’être parfait pour une première évaluation. Il faut juste qu’il permette de prendre une bonne décision.
Dans un esprit Lean Startup, il convient plutôt de faire, mesurer et corriger le tir ensuite. C’est une démarche bien adaptée au monde de l’innovation ou l’incertitude règne.
« C’est en tombant qu’on apprend à marcher. » Proverbe bulgare
Par exemple, si vous devez sortir rapidement d’une pièce complètement noire, sans lumière et avec des obstacles, le meilleur moyen reste de fixer un cap, et corriger sa direction en fonction des obstacles rencontrés. On met beaucoup moins de temps à faire des erreurs et corriger le tir, que de ne pas en faire 😉
9 – Viser trop grand dès le départ
L’innovation est au cœur des préoccupations de nombreuses entreprises pour développer leur marché et continuer à exister. Du coup, il y a beaucoup d’enjeux autour de chacun de ces projets.
Et tout naturellement, il est légitime de vouloir transformer le plus vite possible l’investissement du projet en chiffre d’affaires et en marge pour l’entreprise.
Le problème est qu’en mettant trop d’enjeux sur l’émergence d’un projet on a une tendance à vouloir minimiser les risques. Et plus l’enjeu est fort, moins on a envie d’en prendre. On arrive là à un paradoxe qui revient à vouloir innover plus … sans prendre de risque.
Une des solutions est de commencer à s’adresser à de petits marchés, comme une niche avec des utilisateurs ciblés. Vous mettrez ainsi sur le marché un produit spécifique qui répond à un nombre limité d’utilisateurs. Puis en cas de succès, et en un second temps, l’offre pourra se généraliser à un public plus large.
« Ce n’est pas que l’objectif est trop haut, c’est que le nombre de marches est insuffisant. » Confucius – Philosophe
Une autre solution est de tester une offre sur un territoire limité et recueillir les feedbacks avant de généraliser le produit sur un périmètre beaucoup plus large.
L’idée est qu’en privilégiant un marché plus petit, on est plus enclin à prendre des risques. Et si cela ne marche pas, la perte sera limitée.
10 – Ne pas anticiper l’accès au marché
L’accès au marché est une étape cruciale dans un projet d’innovation. Des inventions incroyables remportant de nombreuses récompenses ont fait un flop quand il s’agissait de les vendre.
Anticiper l’accès au marché permet de prendre en compte un certain nombre de contraintes qui sont des freins à l’achat.
Tout d’abord, vous devez anticiper votre discours de vente et ainsi mettre en avant l’avantage de votre offre de manière convaincante, ce qu’elle a d’essentiel. Vous devez aider vos prospects à se convaincre par eux-mêmes de l’intérêt de votre offre et ce que cela va leur permettre de réaliser. Ce qui les intéresse c’est la finalité.
« Les gens n’achètent pas des perceuses, mais les trous qu’ils peuvent faire avec. » Théodore Levitt – Économiste
Ensuite, votre produit doit être visible pour vos futurs clients. C’est la règle n°1 du marketing. Il existe aujourd’hui tellement d’offres qu’il est obligatoire de se faire remarquer pour attirer la curiosité d’un prospect et pour ensuite pouvoir conclure la vente.
Enfin, il est crucial d’identifier au plus tôt votre point d’entrée sur le marché. C’est-à-dire définir à qui vous adresser en priorité et estimer le bon timing pour le faire. Pour cela il est nécessaire d’avoir des contacts qualifiés pour ajuster votre communication.
Et maintenant ?
En évitant ces 10 erreurs, vous avancerez plus facilement sur le chemin de l’innovation. Tirer profit de l’expérience des autres est un bon moyen pour avancer avec plus de sérénité dans la concrétisation de votre idée innovante.
J’espère que ces « 10 erreurs à éviter » vous permettront de vous interroger et de réfléchir sur votre propre façon de faire. L’analyse de son comportement et sa remise en cause sont les moteurs essentiels pour progresser durablement.
Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂