Lorsqu’on cherche à résoudre un problème, il est toujours plus « élégant » d’extraire ce qui pose problème que de mettre un sparadrap. Le sacrifice d’une partie ouvre aussi de nouvelles perspectives inattendues pour réinventer un nouveau produit.

Dans un monde du « toujours plus », sacrifier une partie de votre produit semble à prime abord une aberration. Pourquoi est-ce que soustraire ou extraire quelque chose permettrait d’ajouter de la valeur ?

Pourtant avec le temps, le principe d’extraction deviendra votre outil préféré. En appliquant ce principe d’innovation, vous générerez des idées souvent simplificatrices, ou en rupture avec ce qui se fait déjà. L’art de la simplicité est sans aucun doute le plus difficile qui soit !

Ce principe d’extraction – issu des 40 principes d’innovation de la méthode TRIZ – viendra compléter votre boite à outils d’inventeur pour libérer la créativité qui est en vous. Voyons ensemble plusieurs exemples pour bien comprendre son application et de l’utiliser facilement.

Le principe d’Extraction

Quelle partie de votre produit pouvez-vous extraire ou sacrifier ?

Le principe d’extraction revient donc à enlever une partie du produit. C’est le principe d’innovation le plus contre nature qui soit. Il faut dire que notre réflexe habituel pour résoudre un problème, est quasiment toujours d’ajouter une rustine au produit.

Et pourtant, on sait bien qu’en ajoutant un élément, on ajoute aussi souvent des problèmes. En réalité, ce principe d’innovation vous incite donc à revoir le produit dans son ensemble. C’est un cheminement qui vous pousse obligatoirement à vous détacher de l’existant : vous n’avez pas le choix !

De la même manière, pour se détacher de l’attraction terrestre, une fusée a besoin de boosters surpuissants. Et bien ce principe est sans doute le meilleur booster pour vous détacher de la fixation. Idéal pour trouver des idées en rupture avec la concurrence.

Ce principe d’extraction ouvre aussi la perspective de la simplicité : c.a.d garder le juste nécessaire pour un maximum d’efficacité. D’ailleurs l’évolution des systèmes techniques tend vers un idéal, celui de maximiser les fonctions utiles et minimiser les effets néfastes ainsi que les coûts.

Et ça se passe toujours de la même manière. En premier lieu, tout nouveau produit qui arrive sur le marché met la priorité sur la fonction, sur ce qui est nouveau pour l’utilisateur. Ensuite, au fil des ans, le produit évoluera inévitablement vers une diminution des contraintes. Et tant qu’il y aura des ressources pour simplifier le produit, ce principe sera très utile !

Comment faire pour appliquer ce principe d’extraction

Plusieurs formulations peuvent être utilisées pour exploiter au mieux le principe d’extraction. Voyons ensemble 2 formulations possibles :

1 – Enlever une partie du [produit]

Prenons le cas du cardiofréquencemètre utilisé en course à pied.

Auparavant, il n’était vendu qu’avec une ceinture correspondant au capteur, et une montre intégrant le récepteur.

« Enlever une partie du [cardiofréquencemètre]«  suggère par exemple d’enlever la ceinture et de placer ailleurs le capteur. Il est d’ailleurs pertinent de chercher à enlever la ceinture, car elle glisse tout le temps lorsqu’on court. C’est vraiment désagréable sur une course longue. Cette proposition donnera l’idée de le placer sous le boîtier ou dans le bracelet.

Cardiofréquencemètre avec capteur infra-rouge placé derrière le boitier

Vous voyez dans cet exemple que la ceinture est supprimée, mais la fonction utile qui est de capter le rythme cardiaque, doit être conservée. Il n’y a donc pas d’autres solutions que de faire supporter cette fonction par une autre partie du produit : ici le dos de la montre.

Cette idée a permis à TOM TOM de proposer un cardiofréquencemètre sans ceinture avec un capteur infra-rouge intégré dans le boîtier de la montre. Et du même coup, cette innovation a résolu à jamais le problème de la ceinture qui glisse !

2 – Extraire du [produit] une propriété perturbatrice ou utile.

Prenons le cas de l’aspirateur.

Avant, il n’était vendu qu’avec des sacs pour filtrer et stocker la poussière. Des sacs consommables qui ont fait la fortune de plusieurs sociétés. Inutile de vous rappeler que le sac a vraiment un effet néfaste sur l’aspiration, une perte de charge terrible.

« Extraire de [l’aspirateur] une propriété perturbatrice » vous conduira inévitablement à chercher à supprimer cette perte de charge. A partir de cette réflexion, on peut donc imaginer d’appliquer de nouveaux procédés sans sac ou des procédés existants dans d’autres industries.

Aspirateur sans sac intégrant un système cyclonique pour limiter la perte de charge

C’est cette réflexion qui a conduit James Dyson à chercher à appliquer le système de cyclone utilisé dans les scieries pour écarter la sciure de l’air. On peut dire qu’il aura été inspiré sur ce coup-là …

On voit bien dans cet exemple, l’intérêt parfois d’une solution radicale. C’est ce que suggère de faire ce principe. Ainsi, nous ne sommes plus dans le perfectionnement de l’aspirateur avec sac, mais dans un nouveau concept qui fait réellement un saut de valeur et ringardise tous les autres produits…

Évidemment, il ne vous aura pas échappé sur la photo que l’aspirateur est sans fil… Et oui, Dyson a aussi exploité (sans le savoir) la première formulation 😉

Inversement, ce principe fonctionne aussi très bien avec des propriétés utiles. Prenons l’exemple des vitamines.

Vitamines C : complément alimentaire pour retrouver la forme

Elles sont aujourd’hui extraites pour être proposées en parapharmacie. Le client consomme ainsi de manière ciblée ce dont il a besoin. Et ça marche ! On le voit d’ailleurs à la taille des linéaires de compléments alimentaires qui se développent de plus en plus.

D’autres exemples qui illustrent ce principe d’extraction

Le tire-bouchon Screwpull Le Creuset extrait le bouchon par une simple rotation du fait de la suppression des deux bras.
Rodless Reel est un système de lancer sans la canne. Ça change complètement la manière de pêcher.
Le concept Nubike est une transmission pour vélo sans chaîne.
Le concept AirBuddy est un système de plongée sans bouteille.
Les adaptateurs Snowfeet permettent de skier sans skis = nouvel usage.
Le concept d’échelle sans barreau The Goat crée un nouvel usage pour se déplacer sur les toits.
Le stylo 3D = le concept de l’imprimante 3D à fil duquel a été extrait la fonction utile pour générer un fil fondu.
Le système Dermaclip permet de réaliser une suture sans aiguille = moins de douleur et plus esthétique.
Le concept Adapt-Fit est réglable en hauteur pour s’adapter à l’exercice et à la taille de l’utilisateur.

Et maintenant ?

Vous venez de voir plusieurs exemples qui illustrent l’application de ce principe. À présent, vous êtes armés pour passer à l’action. Pour ça, je vous demande de réfléchir maintenant sur un produit qui n’a pas évolué depuis un certain temps. Il est temps de le dépoussiérer !!!

Faites vraiment l’exercice tout de suite. Ça ne vous prendra que 10 minutes ! Il faut « battre le fer pendant qu’il est chaud » !

À retenir pour extraire une partie de votre produit

Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂

    2 réponses pour "Principe d’innovation : extraire une partie de votre produit"

    • parcy

      Bonjour
      Merci pour tout vos exemples dans vos images qui je dois dire mérite réflexions pour un créateur ,et pour moi même également
      cordialement

      • Laurent Cachalou

        Bonjour Georges,
        N’hésitez à nous faire part de vos réflexions et peut-être proposer vous aussi des exemples qui illustrent ce principe. Le simple fait d’y réfléchir est un bon exercice pour associer principe et produit.
        Bonne réflexion !
        Laurent

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.