Un article paru récemment sur internet au sujet de la boîte de conserve innovante ECOPEEL a aiguisé ma curiosité. Il s’agit d’une boîte dotée d’un opercule détachable directement scellé sur le corps de la boîte grâce à la technologie Direct Heat Seal (DHS). Aujourd’hui, cette technologie de scellage supporte la stérilisation et rend cette innovation possible pour les conserves.

Boîte de conserve innovante ECOPEEL – Photo Eviosys

Le concept est malin à plus d’un titre :

  • La suppression de la bague métallique jusqu’ici présente sur les boîtes operculées offre un gain de matière : diminution de 20 % de l’empreinte carbone annoncée par le fabricant
  • L’ouverture totale de la boîte facilite le démoulage de produit comme le thon
  • Le bord lisse et incliné à 45° facilite l’ouverture et le versement des aliments
  • La boîte est livrée au conserveur déjà operculée et le remplissage se fait par le fond : une productivité multipliée par 5
  • L’opercule est imprimable facilement et donc personnalisable

Bref une somme de détails qui facilitent la production et l’usage tout en apportant un plus du point de vue écologique. 

Je me suis interrogé sur l’histoire de ce produit. Quel chemin ont suivi les innovateurs depuis le français Nicolas APPERT qui a inventé en 1795 le procédé de conservation des aliments par la chaleur dans un récipient hermétiquement clos.

Les premiers pas …

Pour commencer, il est intéressant de noter que la boîte de conserve a été inventée avant les dispositifs spécifiques pour l’ouvrir. Le premier ouvre-boîte a été inventé en 1850 par le coutelier français Léon Bernard CLAVERIE.

La première ouverture intégrée à la boîte a été inventée en 1901 par l’américain William MEYNCKE. Deux brins de fil situés sous la face inférieure du dessus de la boîte permettent son ouverture.

L’histoire qui relie cette invention au concept Ecopeel est celle que je vous propose de découvrir à travers une série de brevets pertinents.

Brevet n° US702228A

En 1904, l’américain James Joseph HICKMAN invente un système d’ouverture placé sur le côté de la boîte. Deux lignes affaiblies autour du corps et placées à une distance suffisante l’une de l’autre permettent de créer une bande de séparation.

Brevet n°US774248A

En 1911, l’américaine Ella CARMAN invente un dispositif d’ouverture monté en permanence sur la boîte. Il est conçu pour couper le dessus de la boîte de manière à ce que le dessus puisse être facilement retiré. 

Brevet n°US999957A

En 1914, l’américain Charles Sears FINNEY invente un dispositif de bride disposée autour du dessus de la boîte permettant son détachement.

Brevet n°US1175942A

En 1927, l’américain Erol HOUGHTON invente un système de découpe intégré simplifié. Une première partie disposant d’un couteau permet de perforer le couvercle en basculant. Puis une deuxième partie permet la découpe grâce à une liaison pivot placée au centre du couvercle.

Brevet n°US1675807A

En 1929, l’américain Hugo MOCK propose une simplification du système de découpe.L’outil est fourni en plus, mais est réutilisable. Ce système est resté populaire très longtemps pour les boîtes de conserve de sardines par exemple.

Brevet n°US1812111A

En 1930, le suédois Gustaf Lambert ERICSSON propose une nouvelle ouverture en deux temps. Le perçage avec une pointe actionnable par un effet de levier suivie de l’arrachage d’une zone délimitée par un affaiblissement local de la paroi.

Brevet n°US1856543A

En 1966, l’américain SHIHADEH KHOURY NICK propose un perfectionnement du dispositif de perçage. On retrouve toujours aujourd’hui ce design sur de nombreuses boîtes de conserve ou cannettes.

Brevet n°US3366270A

En 1991, l’américain John MATUSZAK invente un dispositif d’opercule détachable facilement. L’opercule comprend une couche de polymère permettant son scellage sur le corps de la boîte.

Brevet n°US5069355A

Dans l’arbre « généalogique » des objets, on peut considérer que le concept Ecopeel est une évolution technique de ce dernier brevet.

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Evolution et idéalité

L’évolution de la boîte de conserve nous montre que le système évolue vers une forme d’idéalité : plus pratique pour l’utilisateur, plus facile à produire pour le conserveur, moins de pièces, moins d’impact carbone, bref tout bonus.

En réalité c’est une évolution normale des systèmes. S’ils n’évoluent pas vers cette idéalité, ils disparaissent au profit de produits plus performants. Et oui, je sais … c’est dur ! 🙂

Innovation et simplicité

L’innovation se cache souvent dans ce qui semble être des détails. En réalité, la simplicité peut se révéler redoutable en termes d’usage et de productivité. Lorsqu’on cherche à innover, il faut éviter autant que possible toute sophistication inutile.

Innover Malin c’est chercher à …  

  • S’inspirer de ce qui existe déjà : chaque nouveau concept est bien souvent une combinaison inventive de concepts déjà existants.
  • Utiliser les bonnes contraintes pour faire évoluer les choses dans le bon sens : une évolution sonne juste dès lors qu’elle apporte une réponse aux limites de l’offre existante
  • Créer de la valeur pour l’utilisateur : le bénéfice final recherché est la raison d’être d’une nouvelle proposition de valeur
  • Faire simple : la simplicité est vertueuse en termes de sobriété, de robustesse, de coût, etc… et en même temps un challenge pour répondre à l’essentiel.

Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂

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