L’évolution d’un produit est souvent influencée par l’évolution d’une technologie : pour innover il est donc important de comprendre comment provoquer cette rencontre.

Le processus standard d’un projet est généralement de partir du besoin, puis de s’engager dans une recherche de solutions avant de définir une technologie qui puisse y répondre.

Or, vous avez sans doute remarqué que les idées de solutions ne vous arrivent pas forcément dans cet ordre-là. La réalité est plus complexe et moins ordonnée. Ceci dit, on observe souvent qu’une idée en amène une autre. Et partant de là, on peut dessiner une autre voie pour sortir des sentiers battus.

Pour innover, il est possible de faire l’inverse, c’est-à-dire partir d’une technologie pour imaginer une solution qui répond à un besoin. Le processus suggéré n’est ni mieux ni moins bien, il est juste différent. L’idée est de guider une démarche avec un autre angle d’attaque pour suggérer de nouvelles solutions en lien avec une technologie pertinente.

Innover à partir d’une technologie 

Dans le processus standard, on part donc du besoin pour ensuite mettre en face des solutions techniques. Ici la piste suggérée est de partir d’une opportunité technologique et imaginer des applications dans votre propre domaine.

En réalité, cette manière de procéder n’a rien de révolutionnaire, car c’est ce que l’on fait sans même s’en rendre compte. Par exemple sur un salon professionnel, on observe des nouveautés technologiques et automatiquement des opportunités apparaissent dans notre esprit.

L’association d’idées est toujours un moteur puissant pour imaginer de nouvelles solutions.

Une technologie déjà existante dans votre domaine

Si vous vous inspirez d’une technologie déjà existante pour innover dans votre secteur, vous allez chercher à l’employer différemment ou en tirer de nouveaux bénéfices. Il existe tellement de solutions de mise en œuvre possibles et de manières de présenter les choses, qu’il est fort probable qu’une nouvelle combinaison puisse apporter un plus sur votre marché.

En 1979, Steve Jobs visite le Xerox PARC, le centre de recherches en informatique situé à Palo Alto en Californie, où notamment est présenté un PC novateur de Xerox muni d’une souris et d’une nouvelle interface graphique. 

Steve Jobs comprend alors le potentiel énorme pour son activité. Quelque temps après, il achète les brevets à Xerox pour les exploiter chez Apple.

En 1982 sortira le modèle d’ordinateur Lisa avec une souris et une interface graphique innovante. Suivra en 1984 le Macintosh qui révolutionnera l’ordinateur personnel et inscrira Apple comme une marque novatrice.

Cela nous montre aussi le lien étroit qui existe entre l’exploitation d’une nouvelle technologie et le brevet d’invention. Vous devez être au clair sur sa liberté d’exploitation.

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Un changement de technologie

Si la technologie n’est pas utilisée dans votre domaine, vous inscrivez votre démarche dans un transfert de technologie. Evidemment, pas au sens où on l’entend généralement lorsqu’on transfert à l’industrie des découvertes résultant de la recherche universitaire.

Ici, vous chercherez tout simplement à savoir comment transposer à votre activité une technologie qui fonctionne dans un autre domaine pour résoudre des problèmes analogues.

Là aussi il est évidemment important de prêter une attention particulière aux brevets pour la liberté d’exploitation. Mais c’est aussi une opportunité formidable pour passer en revue l’état de la technique et la manière dont la technologie est mise en oeuvre. C’est une source d’inspiration dont il ne faut pas se priver : c’est gratuit et c’est fait pour être exploité ! 🙂

En 1965, lorsque l’ingénieur suédois Karl Dalhman invente la tondeuse à gazon sur coussin d’air, il s’inspire de la technologie utilisée sur les aéroglisseurs. D’ailleurs c’est tout à son mérite, car la rencontre de ces deux univers n’était pas évidente à identifier !

En 2009, lorsque le robot tondeuse à gazon est inventé c’est grâce à l’intégration de la technologie GPS. Là encore l’évolution de ce produit est née de la rencontre avec une technologie.

Comment innover à partir d’une technologie

1 – Identifier une technologie pertinente

Utiliser une nouvelle technologie : oui, mais laquelle ?

La première étape pour innover est tout d’abord de choisir la technologie que vous souhaitez explorer. Il est d’ailleurs fort probable que vous ayez déjà un avis sur la question. La connaissance de l’environnement de votre marché et votre intuition vous aideront à en faire une première liste.

En réalité, la technologie peut prendre différentes formes : ça peut être un nouveau composant, un nouveau procédé de production, un nouveau système, etc.

Dès lors que vous avez identifié votre techno, cherchez à en savoir davantage. Un bon moyen est de faire une veille documentaire sur le sujet : quels sont les leaders du marché ? Que proposent-ils ? Quelles sont les recherches en cours ? Quelles sont les tendances ?

Prenons l’exemple d’une technologie qui existe depuis longtemps, mais qui continue d’être largement utilisée : les aimants. Je ne prends pas cet exemple au hasard, car l’utilisation des champs est une évolution que l’on observe sur de nombreux produits.

Souvent exploités pour la réalisation de moteurs ou de capteurs, ils sont aussi utilisés pour une fonction de maintien très utile pour certains produits sous la forme d’électroaimants ou d’aimants permanents. Aujourd’hui, l’évolution de la technologie permet de rendre ces systèmes de plus en plus performants.

Imaginons que nous décidions de nous intéresser à cette technologie dans le domaine du vélo.

2 – Comprendre ce que peut faire la technologie

Une fois votre technologie identifiée et bien documentée, vous aurez les moyens d’en comprendre les applications possibles et aussi les limites.

Un bon moyen de tirer profit de cette veille techno est de vous questionner sur les points suivants :

  • Que peut apporter la technologie en matière de fonctionnalité et de performance ? 
  • Quels problèmes permet-elle de résoudre ?
  • Est-elle « propre » ?
  • Est-elle mature ? Est-elle disponible facilement ? A quel prix ?
  • Quelles sont les applications existantes ? Pour cela, je vous invite fortement à vous inspirer de la connaissance des bases brevets. 
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Si on reprend notre exemple de l’aimant appliqué au vélo, on peut considérer les points suivants :

  • L’aimant apporte une fonction de maintien non permanente,
  • Il facilite le contrôle lors du positionnement des deux parties qui rentre en contact, 
  • Et il rend facile l’assemblage, mais rend difficile le désassemblage

Tous domaines confondus, il existe plus de 600.000 brevets d’invention qui parlent d’aimant ou de magnétisme dans leurs intitulés.

Si on restreint cette technologie à un domaine plus pointu comme les vélos, on arrive à plus de 1.000 brevets.

À travers ces chiffres on remarque que le nombre de solutions techniques est très important. Le champ du possible est toujours largement supérieur à ce que l’on aurait pu imaginer. Cela montre aussi qu’il est pertinent de s’inspirer des bases brevets dès lors qu’on s’intéresse à une technologie.

La durée de vie moyenne d’un brevet est de 7 ans (la durée maxi est de 20 ans, mais les redevances ne sont pas toujours payées). Sur les 1.000 brevets qui concernent l’application d’un aimant sur un vélo, 677 sont antérieurs à 2013, donc a priori utilisables dans ce domaine.

Lorsqu’on pense aux aimants, on a l’impression d’avoir tout inventé, mais l’évolution du nombre de brevets déposés nous montre le contraire : la tendance est clairement à la hausse.

3 – Imaginer des applications possibles

Maintenant que votre niveau de connaissance est au top, il vous reste à transposer cette technologie sur un de vos produits pour répondre à une fonction et par conséquence satisfaire un besoin.

Pour cela, vous pouvez décomposer la réflexion en plusieurs étapes :

  1. Définir où cette fonction est utile sur votre produit
  2. Imaginer une mise en œuvre possible : vous constaterez que par association d’idées, vous trouverez naturellement de nombreuses idées. 
  3. Identifier quels bénéfices cela apporte à l’utilisateur, car c’est tout de même le point clé.

Si on reprend notre exemple d’aimant applicable au vélo, on peut envisager d’utiliser cette fonction sur différentes parties du produit où un maintien non permanent est nécessaire. Par exemple la liaison entre la roue et le cadre, entre la pédale et la chaussure, entre la selle et le cadre, etc. 

Si on jette à nouveau un coup d’oeil aux brevets d’invention, on observe que de nombreuses solutions ont déjà été trouvées. En limitant la recherche à une partie du vélo, on arrive à environ : 

  • 100 brevets sur la roue, 
  • 30 brevets sur les pédales,
  • 12 brevets sur la selle,
  • 3 sur le guidon.

Mais vous l’aurez compris, le champ du possible est bien plus important !

Et maintenant ?

J’imagine que vous avez déjà en tête une technologie que vous trouvez pertinente. Et bien profitez de cet article pour vous lancer dans une réflexion et d’imaginer comment la transposer dans votre domaine et en tirer un bénéfice. 

Le simple fait d’y réfléchir vous ouvrira des opportunités auxquelles vous n’auriez pas pensé. C’est toute la magie de confronter deux univers les uns aux autres : de deux choses en naît toujours une troisième.

Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂

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