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Découvrez l’interview de Julien Tripard, directeur de la jeune société Sporthopeo basée à Montbéliard en Franche Comté.

[Laurent Cachalou] Je suis très heureux de pouvoir t’interroger sur l’aventure incroyable que tu vis depuis la création de cette start’up. Et je suis sûr que ton expérience inspirera beaucoup de personnes. Et il faut préciser qu’en plus de cette société, car tu as plusieurs casquettes, tu continues à travailler parallèlement dans un centre de réadaptation fonctionnelle. Tout d’abord, pourrais-tu nous présenter en quelques mots Sporthopeo ?

[Julien Tripard] On est une société basée à Montbéliard créée en 2017 après 2 ans de développement dans un incubateur de Franche comté. Sporthopeo a créé le premier système de fixation universelle du pied pour la pratique du vélo. Il permet aux personnes à mobilité réduite, des personnes qui ont un handicap au niveau des membres inférieurs, de pouvoir fixer le pied de manière intuitive sur la pédale de vélo. C’est un système de liaison magnétique qui apporte un aspect sécuritaire en cas du chute ou d’arrêt brusque. Il maintient le pied de manière optimale avec des aimants adaptés aux capacités de l’utilisateur pendant le pédalage. Ce premier produit est commercialisé depuis fin 2017. On s’attache à développer d’autres produits sur la base de cette technologie magnétique, pour un confort de pédalage et surtout une sécurité intéressante. Enfin, nous développons également un aspect connecté qui est vraiment intelligent sur ce produit. On y intègre des capteurs qui vont permettre d’intégrer pas mal d’informations en Bluetooth pendant l’effort. On pourra les analyser par la suite sur l’activité vélo mais également dans le domaine médical.

Pourrais-tu nous raconter la genèse de l’idée ?

La genèse du système magnétique est venue sur le terrain. La problématique a été rencontrée dans un centre de rééducation où je travaille actuellement suite à la rencontre d’une personne qui était amputée d’une jambe. Son souhait était de pouvoir refaire du vélo avec sa jambe valide et sa prothèse. Il fallait trouver un système pour fixer la prothèse de manière intuitive. Ce système (magnétique) était une solution qui au fil du temps nous est apparu relativement intéressant. Ces utilisateurs voulaient également avoir l’aspect d’une personne valide lorsqu’ils pédalaient en ville, pour aller chercher le pain par exemple, et éviter de subir les regards et les moqueries. La solution connectée est venue naturellement à la suite de ce premier produit. L’idée était de faire un produit vraiment dans l’air du temps avec tous ces objets connectés, un marché en plein développement.

Comment l’idée a été accueillie la première fois ?

La première réaction a été de se dire, c’est tout bête ! C’est juste un aimant et une plaque métallique. Mais c’est un aimant qui peut permettre de faire pas mal de chose. Il y avait un peu de scepticisme par rapport à la puissance de l’aimant. La question était de savoir si l’aimant était assez fort pour fixer le pied et de la même manière de décrocher le pied facilement lorsque l’on souhaite descendre du vélo. Une fois que l’utilisateur a pu le tester et que l’on a pu reproduire ces tests sur d’autres pathologies en centre de rééducation, on s’est rendu compte que la solution n’était pas si inutile que ça. Il y avait un réel intérêt pour ces personnes d’utiliser ce produit.

A quoi ressemblait le premier prototype (le monstre) ?

Il ressemblait à pas grand chose… on avait les idées mais au niveau du design et de l’esthétique, ce n’était pas ça ! Pour le module qu’on fixe aujourd’hui au niveau du pied, on avait pris une petite bande velcro qu’on trouve un peu partout sur le marché et on avait fixé une petite plaque métallique avec 2 rivets sur cette sangle. Puis on la mettait autour du pied. Ce n’était pas très solide mais cela permettait de voir que le pied tenait à l’aimant. Quant au socle aimanté, on avait fait fabriquer ça par un ergothérapeute du centre de rééducation qui nous avait thermoformé un petit bout de plastique qu’on avait réalisé en forme de L . Ce qui n’est absolument pas la forme actuelle. Puis on avait fixé le système avec une sangle pour pouvoir le mettre sur la pédale. C’était un aimant que l’on avait collé avec un peu de scotch, c’était vraiment très barbare. Au final on a réussi à produire quelque chose qui tient un peu plus la route.

Comment s’est passée la phase de design et de conception ?

Cette phase de design et d’esthétique n’est pas ma qualité première. Donc on est passé par l’UTBM Université de Technologie Belfort Montbéliard, où il y a un secteur spécifique au niveau du design. On a fait appel à un groupe d’étudiants qui a bossé sur le projet durant un peu près 4 mois. Ils nous ont sorti une forme avec des matériaux sympas et un design bien réfléchi, d’un point de vue fonctionnel mais également d’un point de vue design, au niveau des couleurs et de la souplesse du produit. Grâce à ce groupe d’étudiants, on a pu avoir le premier design du produit.

Qu’est ce qui a été breveté sur ce produit ?

C’est un produit breveté depuis 2016. On avait bien anticipé cette protection industrielle. L’acte inventif se situe surtout sur le fait de pouvoir se fixer sur un aimant circulaire. Un module qui est transportable partout. Ça c’était le gros de l’acte inventif car la forme de l’aimant est importante. Un aimant rectangulaire c’est un peu différent au niveau de l’inventivité. En réalité, il y a 3 actes inventifs mais c’est le principal.

Est-ce que le rendu final est comme tu l’avais imaginé au départ ?

Pas spécialement non, au début c’est vrai que l’on partait sur des formes basiques avec ce fameux « L » qu’on avait imaginé avec une butée. Mais au final, on s’est rendu compte que ce n’était pas la solution la plus simple, en tout cas en terme d’installation. Il faut bien prendre en compte que ce produit est destiné à des personnes qui ont un handicap et qui dans la plupart des cas sont déjà bien embêtées pour installer ce genre de produit. Donc non, au niveau du design cela ne ressemble absolument pas à ce que j’avais imaginé. On continue malgré tout ces derniers mois à le développer davantage. Notamment au niveau des sangles qui sont des sangles bien définies, brodées avec un fil bleu turquoise qui donne un cachet sympa au produit. Donc on ne cesse jamais d’améliorer le produit et d’être à l’affut de quelconques nouveautés qui pourraient encore l’améliorer.

Comment l’utilisateur a été intégré dans le déroulement du projet ?

Nous n’avons pas cessé d’être à l’écoute de ce que l’utilisateur pouvait avoir à nous dire. Puisqu’au final c’est lui qui utilise le produit et c’est lui qui peut l’améliorer. Aussi bien avant la création de l’entreprise et la mise sur le marché de ce produit que pendant la commercialisation de ce produit, on a sans cesse été à l’écoute de l’utilisateur. Et c’est vrai que grâce à ces retours là, on a pu définir le produit qui correspond le mieux aux personnes présentant un handicap.

Quel a été ton pire cauchemar lors du développement de ce produit ?

Le pire cauchemar… je ne sais pas si cela a été un cauchemar car Sporthopeo est une belle aventure ! C’est vrai que l’on s’est réveillé quelque fois en plein milieu de la nuit. C’est peut être le choix des aimants car quand on teste 10 patients avec des pathologies différentes, il y a des aimants qui sont parfaitement adaptés pour eux et pour le onzième ça ne va pas aller du tout. Donc là, c’est vrai que ça a été très compliqué. Car ces aimants là, il fallait les fixer par rapport au pas de vis que l’on utilise sur notre système. Il y a eu une recherche assez importante pour laquelle j’ai passé pas mal de temps à me triturer les méninges.

Quel est ton plus beau souvenir sur ce projet ?

Le plus beau souvenir, c’est peut être la première vente car c’est le début d’une aventure. Et après, je pense aux concours nationaux auxquels j’ai été lauréat et auxquels nous avons eu des remises de prix à Paris dans des endroits assez sympas. C’est vrai que cela donne une certaine notoriété au projet et cela prouve que ce qu’on a fait par le passé durant les 4 années, ce n’était pas du vent et que notre projet au final a un réel intérêt. Et puis les victoires du quotidien, lorsqu’on a les messages des clients qui nous disent qu’aujourd’hui grâce à ce produit, ils peuvent refaire du vélo. Ou que leur fille peut refaire du vélo alors qu’elle ne pouvait plus en faire à cause d’un handicap lourd. Ce sont vraiment des petites choses qui sont gratifiantes.

Et maintenant quelles sont les prochaines étapes pour Sporthopeo ?

Les prochaines étapes pour cette année 2019, c’est la commercialisation de 2 nouveaux produits. Le premier est un produit axé tout public, le produit mécanique : la pédale magnétique qui sera destinée vraiment à tout le monde. Comme par exemple pour les personnes qui veulent aller travailler en vélo pour avoir un confort et une sécurité de pédalage en utilisant leurs chaussures de travail. Il n’y a pas besoin d’avoir de chaussures spécifiques comme pour les cyclistes utilisant des pédales automatiques. Puis pour nous, le plus gros en terme de marché, c’est le produit connecté auquel on intègre des capteurs et l’application mobile. Ça va nous permettre de développer ce produit sur des secteurs ultra variés à savoir du fitness au milieu médical.

Pour conclure, si tu avais un seul conseil à transmettre à ceux qui veulent se lancer dans l’innovation, quel serait-il ?

Le conseil que je pourrais donner est qu’il ne faut pas avoir peur de se lancer, car on a pas mal d’aide en France qui nous sont allouées. Je pense à BPI France par exemple qui donne un sérieux coup de main pour faire avancer le projet et débloquer des fonds qu’on ne pensait pas avoir. Ne pas hésiter à élargir son réseau. A ouvrir la porte et à échanger avec pas mal de monde. Parce que si on se referme sur soi, même si on a la meilleure idée du monde, ça ne marchera jamais. Donc voilà, le réseau, se lancer et ne pas avoir peur d’entreprendre. Aujourd’hui en France, il y a pas mal de choses qui permettent de créer une société et une start-up en particulier.

Et bien écoutes, merci pour tous ces conseils et merci de nous avoir raconté ton parcours d’inventeur. J’espère que vous avez pris des notes, il y a plein de choses inspirantes et finalement assez simples à mettre en pratique.

Si vous voulez en savoir plus sur Sporthopeo, acheter un produit ou soutenir ce projet innovant, découvrez les vidéos de présentation. Vous pouvez consulter également le site internet.

Merci d’avoir lu cet interview jusqu’au bout et j’espère que ça vous aura inspiré. Si vous avez envie que d’autres personnes écoutent ce podcast et que je fasse d’autres interviews de personnes inspirantes, et bien partagez ce podcast tout simplement.

A très vite sur Innover Malin !


Pour contacter Sporthopeo : https://www.sporthopeo.fr/fr


Présentation du concept Scratch & Bike : Produit orthopédique innovant de Sporthopeo


Présentation du concept Scratch & Bike Connect : la pédale connectée universelle de Sporthopeo


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