L’incertitude est par nature déstabilisante. Elle demande un effort d’adaptation en temps réel et une certaine résilience pour tenir sur la durée. Découvrez 10 principes pour y faire face plus sereinement.
Faire face à l’incertitude est souvent déroutant, voire parfois anxiogène. C’est normal, comme tout le monde, vous aimeriez pouvoir maîtriser ce qui va se passer. Mais force est de constater que le monde n’évolue pas de manière linéaire et prévisible.
La situation de crise que nous vivons actuellement nous rappelle à cette dure réalité : le monde dans lequel nous vivons est incertain. Il est clair que ce manque de visibilité est plutôt déstabilisant pour se projeter dans l’avenir.
Et en même temps – bien que ce soit extrêmement difficile dans certains cas – il y a moyen d’y voir une opportunité. L’opportunité de construire de nouvelles choses dans un monde où tout n’est pas écrit à l’avance. Cela revient à considérer que tout est possible : le pire certes (malheureusement) … mais aussi le meilleur !
Il y a énormément de similarités avec l’innovation. Cela demande une capacité d’adaptation pour solutionner de nouvelles situations et une certaine résilience pour faire face aux perturbations du changement à venir.
La différence entre risque et incertitude
Il y a des choses qu’on sait qu’on connaît. Il y a des choses qu’on sait qu’on ignore. Mais il y a aussi des choses qu’on ignore qu’on ignore.
Donald Rumsfeld – Secrétaire d’Etat américain à la défense
Le risque est une chose qu’on sait qu’on ne connaît pas. Par expérience, on imagine de quoi il s’agit mais sans savoir si cela va vraiment se passer et dans quelle mesure.
Par exemple lorsque vous allez au travail en voiture, vous savez que vous risquez de crever. En revanche, vous ignorez si cela va vous arriver réellement. En tout cas, ce risque identifié entraînera dans votre comportement des réflexes pour tenter de le limiter. Vous serez attentif à l’usure de vos pneus, à leur pression et ne pas rouler n’importe où.
En revanche, l’incertitude est une chose que l’on ignore qu’on ignore. C’est quelque chose à quoi on ne s’est pas préparé.
Par exemple, le jour ou en écoutant la radio en voiture vous entendrez qu’un barrage a cédé et qu’une vague de 20m de haut arrive dans la vallée à laquelle vous faites face, vous serez dans l’incertitude. Vous avez peut-être déjà vu ça dans un film catastrophe, mais vous ne l’avez jamais anticipé dans votre vraie vie.
Ces évènements totalement incertains ont une probabilité extrêmement faible d’arriver et pour autant certains arrivent…
Les prévisions VS l’évènement imprévisible
Les prévisions fonctionnent bien pour des systèmes qui évoluent de manière linéaire.
Par exemple la vitesse de rotation d’une éolienne est corrélée à la vitesse du vent. Vous êtes donc certain qu’avec un vent plus fort, elle tournera plus vite. Votre expérience et la fiche technique de l’éolienne vous permettront même d’être assez précis dans vos prévisions.
En revanche, les prévisions sont complètement inopérantes dans le monde dans lequel nous vivons qui lui est non linéaire.
Qui aurait pu imaginer le déclin de 41% des insectes dans le monde entre 2009 et 2019 ? Personne ! Ou alors quelqu’un que vous n’auriez probablement pas cru. Et pourtant, cela menace l’ensemble des écosystèmes.
En réalité, les prévisions alimentent votre besoin de certitudes, ça rassure. Cela vous donne l’impression de mieux maîtriser les choses. Mais il faut bien vous rendre à l’évidence, c’est une illusion.
10 principes pour faire face à l’incertitude
Pour surmonter les difficultés rencontrées face à l’incertitude, je vous propose de découvrir 10 principes qui vous aideront à prendre du recul.
1 – Agir ici et maintenant
Vous devez voir le monde tel qu’il est et pas comme vous voudriez qu’il soit. Ne perdez pas votre temps dans les prévisions ou à vous culpabiliser de ce que vous auriez dû faire. Investissez plutôt votre temps à développer votre capacité à gérer l’imprévu : cela commence par agir.
Faites face tout simplement en faisant ce que vous pouvez avec les moyens du bord. Vous n’avez pas le pouvoir de prédire l’avenir, mais en revanche vous avez la capacité de décider ce que vous allez faire : ici et maintenant.
Pour agir, il faut faire des choix et prioriser. Vous avez sans doute dû constater que c’est souvent le plus difficile. Le meilleur moyen est sans doute de commencer par une action, un premier pas … les autres suivront.
S’il y a deux beaux lapins au sol et que vous vouliez en attraper un, concentrez-vous sur un seul.
Jack Ma – Fondateur de Alibaba.com
2 – Avoir peur et le faire quand même
Si vous vous sentez paralysé par l’action, dites-vous que c’est normal. Vous êtes face à une situation que vous n’avez sans doute jamais rencontrée. En revanche, ayez peur mais faites-le quand même. Mettez-vous en action et acceptez que les choses soient imparfaites. Dans la plupart des cas, vous constaterez après coup que ce n’était pas si dramatique que ça …
Votre parcours dans un monde incertain est une expérience vécue en temps réel durant laquelle vous apprenez à faire en faisant. L’incertitude vous place dans un déséquilibre permanent que seuls votre dynamisme et votre réalisme pourront surmonter.
C’est comme en vélo, il est beaucoup plus facile de rester en équilibre sur deux roues lorsqu’on est en mouvement et le regard porté sur la route et ses dangers.
3 – Vous informer
N’ajoutez pas de l’incertitude à l’incertitude. Pour cela, évitez de lire tout et n’importe quoi sur internet. Sélectionnez vos sources d’informations auprès de ceux qui savent, notamment lorsqu’il s’agit de science.
Nous vivons une période où les fake news prennent de plus en plus de place sur les médias. Faites-vous votre propre avis en croisant les informations et en gardant votre esprit critique. La culture du doute est un bon principe pour garder votre libre arbitre surtout en période de turbulence.
4 – Vous méfier des prévisions
Méfiez-vous des prévisions en tous genres. Ou alors, voyez-les telles qu’elles sont c.a.d des tendances extrapolées du passé : ça donne une certaine idée de ce qui pourrait se passer mais avec des hypothèses qui ne se vérifieront peut-être pas.
Dites-vous aussi que les prévisions sont faites selon des modèles dont la plupart du temps vous ne connaissez pas le calcul et encore moins la fiabilité de celui qui les a produites. De plus, pour être fiables – si tenté que cela soit possible – ces tendances doivent être remises à jour régulièrement, ce qui n’est pas toujours le cas.
5 – Envisager des scénarios
Plutôt que miser sur une prévision, il vaut mieux investir votre temps à établir des scénarios selon différentes hypothèses et imaginer ce qui pourrait se passer. Puis, privilégier une hypothèse et la suivre tant qu’elle n’est pas remise en cause par l’évolution de la situation.
Le fait d’envisager le pire vous permettra d’en prendre conscience et de lutter contre le déni. Cela vous donnera aussi l’occasion d’imaginer un plan B qui au final vous apportera plus de sérénité.
Imaginer ces scénarios vous permettra de vous y préparer mentalement. On ne peut pas tout anticiper, mais le fait d’y penser permet déjà de s’y préparer.
Lorsque le 15 janvier 2009, l’Airbus A320 du vol 1549 d’US Airways est victime d’une collision avec des oiseaux suivie d’une panne des deux moteurs au-dessus de la ville de New York, le commandant Chesley Sullenberger parvient à faire amerrir l’avion sur l’Hudson au bout de cinq minutes sans faire de victime. Il expliquera après-coup, qu’il a pu réaliser cet exploit parce qu’il avait imaginé le scénario lors des vols précédents et envisager quoi faire dans une telle situation.
La chance ne sourit qu’aux esprits bien préparés.
Louis pasteur – Scientifique français
6 – Vous organiser
Lorsque que vous vous sentez un peu perdu face à l’incertitude, mettez en place une organisation sur laquelle vous appuyer. Par exemple, une routine peut être un bon moyen de vous raccrocher à une suite d’actions importantes à mener sur la durée.
Lorsque le vent souffle fort, il faut pouvoir s’accrocher à quelque chose et faire le dos rond. Dites-vous que vos actions vont payer sur la durée et que la traversée du désert n’est que momentanée.
7 – Développer votre résilience
Développez votre résilience face à l’échec. Partez du fait que la situation idéale ne se présentera jamais à vous de manière facile et évidente. Face à une situation imprévue, la succession d’essais et d’erreurs peut être longue.
Votre parcours ressemble plus à un marathon qu’à un sprint, soyez prêt à gérer l’incertitude dans la durée. Vous rencontrerez des hauts et des bas, c’est normal : à vous de tempérer aussi bien les moments d’euphorie que les moments de doute.
Le succès ne dure pas, l’échec ne tue pas. Ce qui compte, c’est le courage de continuer.
Winston Churchill – Homme d’état britannique
8 – Faire des pauses
L’incertitude lorsqu’elle devient pesante peut vite agir sur votre moral. C’est pour cela qu’il faut chercher à vous détendre régulièrement avec une autre activité. Vous ne devez pas vous enfermer dans une spirale négative.
Faites des pauses aussi pour prendre du recul. Il est toujours intéressant lors d’un processus créatif de laisser un temps à votre cerveau pour réordonner vos pensées et voir les choses avec plus de discernement.
9 – Apprendre de vos échecs
Pour cela, considérez vos échecs comme un élément de réussite. Si vous avez échoué, c’est que vous avez tenté quelque chose et c’est très bien. Pour chaque expérience, deux options sont envisageables : soit votre idée était la bonne et c’est bingo, soit vous vous êtes trompé et vous avez gagné de l’expérience. Dans tous les cas vous avez été gagnant.
Je n’ai pas échoué. J’ai juste trouvé 10.000 solutions qui ne fonctionnent pas.
Thomas Edison – Inventeur américain
10 – Vous ouvrir aux opportunités
L’incertitude est pesante lorsqu’elle met sur votre chemin un rocher qui en barre le passage. Face à cela, vous pouvez vous décourager et faire demi-tour. Il est facile de baisser les bras surtout lorsque les difficultés se répètent.
Mais vous pouvez aussi faire apparaître d’autres opportunités. Peut-être qu’en évitant ce rocher vous découvrirez un autre parcours beaucoup plus agréable. Face au changement, vous devez cultiver un esprit ouvert et « rester souple sur vos appuis ».
Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté.
Winston Churchill – Homme d’état britannique
Et maintenant ?
Lors de chaque évènement imprévu, il est toujours intéressant de prendre du recul. Même si ce n’est pas toujours évident – ou possible – en fonction de la situation que l’on vit.
En tout cas, j’espère que la lecture de ces 10 principes vous aidera à initier cette réflexion. C’est aussi le moment de vous questionner sur le sens de vos actions et de réaffirmer vos valeurs.
Les évènements imprévus sont comme un coup de pied dans la fourmilière. Il vaut mieux être bien armé pour surmonter ce type de bouleversement. Et en même temps, c’est aussi ce qui donne du piment à votre vie !
Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂
4 réponses pour "Comment faire face à l’incertitude"
Très bel article sur l’incertitude et les solutions pour y faire face. Merci Laurent pour ces suggestions de solutions.
Merci Pierre, ça fait plaisir ! 🙂
Bonjour
très bel article, les 10 principes restent dans la logique de l’innovation effectivement, et sont de très bons conseils.
Les deux seules choses avec lesquelles je ne suis pas en accord, sont les définitions de « risque et incertitude »
> Le risque est une chose qu’on sait qu’on ne connait pas
Un risque c’est (pour moi) quelque chose qu’on sait qu’on ne « maitrise pas » ! (on le connait). Le principe du « risque » est de lister les éventualités, d’évaluer la probabilité d’existence voir aussi la fréquence, l’importance (l’impact) que cela peut prendre si ça arrive.
Cette notion de risque permet de prendre des décisions
> l’incertitude est une chose que l’on ignore qu’on ignore
ici (pour moi), c’est la même chose que le risque à ceci près que les données sont difficile à évaluer. On va plutôt parler d’échelle ou de fourchette plutôt que de valeurs proches (de ce qu’on considère comme vrai)
L’incertitude ne permet pas de prendre des décisions (facilement), et/ou requière plus d’information, de recherches ou de tests avant de pouvoir se prononcer.
Dans cet article, la définition de « incertitude » est en réalité la définition d’un « danger », et la définition de « risque » est celle de « l’incertitude ». Un risque étant évaluable (dans une certaine mesure) permettant de prendre des décisions, l’incertitude est évaluation peu fiable/viable ne permettant pas de prendre des décisions (sauf celle d’approfondir), et le danger est l’imprévisibilité (ou un risque/incertitude oubliée)
Ex : un chef d’entreprise sera plus à même de prendre des risques (évalués) que baser ses décisions sur de l’incertitude.
et un banquier/investisseur ne prendra pas de décision favorable basée sur de l’incertitude, mais sera plus en accord avec des risques évalués
Le reste de l’article est très bien, et les conseils sont à suivre
Merci
Bonjour Jeffrey,
merci pour vos commentaires qui apportent un point de vue différent. C’est ce qui fait toute la richesse de ces échanges.
A bientôt,
Laurent