La fixation psychologique est le frein principal qui limite votre créativité. Avec le temps et l’expérience, on s’enferme inconsciemment dans des schémas. En prendre conscience est le meilleur moyen de vous en libérer !

Pourquoi lutter contre la fixation psychologique

Au moment de concevoir un nouveau produit – ou de résoudre un problème – on a tous au moins une fois vécu le syndrome de la feuille blanche, sans trop savoir par où commencer. Ou alors, tout simplement de rester « scotché » sur des solutions techniques connues.

En réalité, même lors de séances de brainstorming, on tourne facilement en rond autour des mêmes idées en ayant la fâcheuse impression d’avoir déjà tout essayé. Notre esprit est comme emprisonné.

On a aussi souvent la fausse idée que l’innovation est le fruit du hasard, ou alors réservée à des experts en créativité qui ont fait ça toute leur vie.

A travers cet article, je partage avec vous les clés pour sortir de ce cercle infernal de la fixation. Vous prendrez conscience du fonctionnement de votre cerveau et des leviers principaux pour reprendre le pouvoir sur votre créativité. Vous saurez ainsi faire le pas de côté pour sortir des sentiers battus.

La fixation psychologique c’est quoi au juste

Le problème principal dans la créativité, c’est sans aucun doute la fixation. Avec notre vécu et nos contraintes, on s’installe petit à petit dans un cadre dont nous avons du mal à sortir.

Par ailleurs, notre cerveau ne nous aide pas vraiment. Il essaie toujours par esprit de facilité de nous ramener à des schémas connus. C’est une forme d’inertie psychologique.

Le conditionnement

Au contraire durant notre enfance, nous avions une capacité créative exceptionnelle. Mais notre environnement nous a conduit petit à petit à rentrer dans une certaine forme de normalité.

A vrai dire, ça commence dès l’école. Les profs vous demandent d’apprendre des leçons et de les restituer. Pire, les prises d’initiative pour faire les choses différemment sont même parfois sanctionnées. Au final, on comprend vite que pour réussir, il vaut mieux rentrer dans le moule …

Puis ça continue en entreprise. La peur du risque encourage les dirigeants vers des processus stricts, des procédures standardisées et la création d’expertises pointues. En d’autre terme on se normalise de plus en plus.

Et au final, face au changement, on reste emprisonné du carcan que nous avons nous même construit autour de nous. On reste l’esprit limité à nos connaissances et englué dans nos certitudes. On est piégé par cette maudite fixation.

La créativité diminue avec l’âge

Des scientifiques ont démontré tout ça dans les années 90 à travers une étude sur la pensée divergente. C.a.d notre capacité à fournir une multitude de solutions différentes face à un problème posé.

Une étude menée avec 1.600 enfants sur une période de 15 ans, montre qu’entre 3 et 5 ans, 98% des enfants étaient classés dans la catégorie « génie » – c.a.d apte à fournir une multitude de solutions.

Entre 8 et 10 ans, ils n’étaient plus que 32% et entre 13 et 15 ans, il n’en restait plus que 10%.

280.000 adultes de plus de 25 ans ont été soumis aux mêmes tests de pensée créative divergente et il n’en restait plus que 2% !!!

En réalité, ça démontre deux choses. La première est que du fait de notre environnement, nous sommes de moins en moins créatifs avec le temps. La deuxième – et c’est une bonne nouvelle – c’est que nous avons tous en nous une capacité créative qu’il suffit juste de libérer !

☼ Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu  20 solutions pour développer sa créativité

La fixation fonctionnelle

Pour expliquer ce qu’est la fixation fonctionnelle, prenons l’exemple du test de la bougie de Duncker. Il s’agit d’un test illustrant le syndrome de la fixation fonctionnelle.

Le test consiste à faire entrer une personne dans une pièce où se trouve une table sur laquelle sont posées :

– une bougie,

– une pochette d’allumettes,

– une boîte de punaises.

Et là, l’expérimentateur demande à la personne de fixer la bougie au mur sur un tableau de liège sans que la cire tombe sur la table située en dessous.

Si vous faites le test, vous verrez que plusieurs personnes tenteront sans succès, de fixer directement la bougie au mur avec des punaises. Ou en faisant fondre une partie de la cire de la bougie pour la coller directement au mur….

En réalité, la solution typique du problème est de vider tout simplement la boîte de punaises, de fixer la bougie à l’intérieur et d’utiliser des punaises pour fixer la boîte au tableau.

En revanche, si vous refaites l’expérience avec les punaises sur la table à côté de la boîte plutôt qu’à l’intérieur, à peu près tous les participants trouvent la solution optimale.

L’expérience démontre ce qu’est la fixation. Si les punaises sont dans la boîte, nous n’imaginons pas donner à la boîte une autre fonction.

Notre cerveau bug sur certaines représentations

Pour illustrer la fixation psychologique, prenons un autre exemple, celui des illusions d’optique.

Commençons par cet exemple, est-ce que les diagonales de ce dessin sont parallèles ?

Solution : c’est assez facile, vous vous en doutez, la réponse est oui. Bien qu’on observe déjà une certaine réticence de notre cerveau à admettre cette évidence.

Maintenant, passons à un autre exemple que l’on voit presque tous les jours. Que voyez vous dans ce logo ?

Pour jouer le jeu, concentrez-vous sur le logo avant de lire la suite de cet article.

Solution : Il faut voir la lettre C de Carrefour inscrite dans un losange.

Enfin dernier exemple, que voyez-vous sur cette photo ?

De la même manière, pour jouer le jeu, concentrez-vous sur cette photo avant de lire la suite de cet article.

Photo importée du compte Facebook de Academia Nakis.

Solution : Il faut voir un cigare coincé dans l’interstice entre deux briques. Si si, regardez bien 🙂

Ces exemples montrent qu’il est facile de piéger notre cerveau. Notre cortex élabore des représentations mentales, mais il bugue sur certains concepts. Cela montre aussi notre impuissance à pouvoir se représenter une solution si à la base notre vision de la réalité est faussée.

Comment lutter contre cette inertie psychologique

Pour sortir de cette fixation, vous devez vous aider d’outils qui agiront comme un véritable stimulateur. Pour cela, vous avez plusieurs solutions. Je partage avec vous 3 leviers sur lesquels vous pouvez agir facilement.

1 – Changer la représentation de votre problème

Lorsqu’une problématique vous paraît trop complexe ou sans issue, changez en la représentation. Vous devez considérer la représentation initiale comme une illusion d’optique.

Faites un pas de côté et sortez le problème de son contexte. Pour cela n’hésitez pas à en changer la mise en forme ou changer votre point de vue.

☼ Les personnes qui ont lu cet article ont aussi lu  TRIZ pour les nuls : 40 principes d'innovation

« Le danger, ce n’est pas ce qu’on ignore, c’est ce qu’on tient pour certain et qui ne l’est pas. » Mark Twain – Écrivain et humoriste américain

Votre problème est très concret ? Rendez-le plus abstrait par un schéma ou par une équation mathématique ou physique.

Vous ne trouvez pas de solution dans votre domaine ? Posez-vous la question à savoir comment votre problème serait résolu dans un autre domaine que le vôtre.

Les moyens de changer de représentation sont infinis, votre seule limite est celle de votre imagination 🙂

2 – Prendre conscience des biais psychologiques

Il semble qu’on fasse plus attention aux informations qui valident nos choix qu’à celles qui les contredisent. En réalité, on déteste avoir tort. Pour lutter contre ce biais psychologique – le biais de confirmation – il faut vous intéresser aux contradictions, tout du moins y rester sensible. Deux angles de vues différents donneront à votre problématique un relief nouveau et vous ferez apparaître la prise sur laquelle agir.

Par ailleurs, un autre biais vient limiter votre capacité créative. Plus vous vous attachez aux choses que vous faites, plus il vous est difficile d’en accepter le changement. En réalité, on voit ça comme un échec. Le meilleur moyen de lutter contre cet attachement est d’en prendre conscience et de se détacher des choses sans les prendre trop à cœur.

« Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté. » Winston Churchill – Homme d’état britannique

Le meilleur moyen est d’écouter ce que les gens ont à dire sur votre travail. Il faut voir chaque feedback comme une opportunité de progresser. Facile à dire mais pas toujours facile à faire !

3 – Utiliser un déclencheur pour réveiller votre créativité

Pour sortir du syndrome de la fixation – pour vous en libérer – vous pouvez utiliser les 40 principes d’innovation de TRIZ. Ces principes agissent comme des leviers qui vous aideront à trouver des réponses pertinentes à quasiment tous vos problèmes. De part leurs formulations, ils vous guideront vers des solutions étonnantes auxquelles vous n’auriez même pas pensé. Ce sera l’élément déclencheur de votre inspiration.

Illustrations des 40 principes d’innovation de TRIZ – Méthode de résolution inventive de problèmes. Cliquez sur les dessins pour découvrir ces principes.

Ces principes d’innovation vous donnent le pouvoir de réaliser une simulation prospective « Que se passerait-il si votre produit était comme ceci ou comme cela …? ». Cette manière de procéder fournit à votre cerveau une destination artificielle qui alimente votre imagination. Il est assez magique de voir à quel point il est possible de stimuler le processus créatif !

Et maintenant ?

L’utilisation de ces principes, vous permettra d’améliorer votre créativité et surtout votre capacité à rester ouvert et être force de proposition.

Cela vous permettra de développer des automatismes pour rester efficace et prendre confiance. Vous lutterez, sans vous en rendre compte, contre cette maudite fixation.

Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂

    3 réponses pour "Comment lutter contre la fixation psychologique"

    • yves

      Une autre description à propos du test de Karl Duncker :
      http://triz-experience.blogspot.com/2013/04/la-bougie-et-les-punaises.html

    • simo

      C’est impressionnant ! contourner la fixation psychologique n’est pas souvent évident et nécessite à chaque fois de faire un recule en arrière pour voir le problème en toute clarté.
      le cas est simple pour les exemples d’illusions optiques que vous avez présentées, comment agir contres nos blocages psychologiques devant des problème plus complexes?

      vous avons mentionné la méthode TRIZ qui est un outil puissant de créativité. comment l’appliquer dans le cas d’amélioration de produit existant, faut il choisir un principe parmi les 40 , ou bien appliquez tous les 40 principes?

      • Laurent Cachalou

        Bonjour Mohammed,
        Effectivement TRIZ est un excellent outil de créativité pour lutter contre la fixation.
        Vous pouvez utiliser les principes de manière ouverte en les appliquant tous successivement. Ou alors d’une manière plus ciblée en formalisant un problème sous la forme d’une contradiction puis en utilisant la matrice.
        A bientôt,
        Laurent

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.