L’open innovation est un bon moyen de coopérer avec l’extérieur pour faire face aux enjeux à venir. Plusieurs moyens permettent d’y parvenir.
Le dilemme de l’innovation ouverte
Des peurs à surmonter
Lorsque je parle d’open innovation autour de moi, je constate que pour la plupart d’entre nous la tentation de coopérer est forte, mais des peurs restent tenaces.
- La peur de se faire piquer son idée et que quelqu’un d’autre en profite
- La peur de perdre le contrôle du projet
D’un côté on est encouragé à se protéger pour préserver son territoire et de l’autre à coopérer pour en conquérir de nouveaux: difficile de trouver le bon équilibre. Et lorsque les réticences sont plus fortes que les potentielles opportunités que pourrait offrir une coopération, la démarche devient contre-intuitive.
D’autant plus qu’il n’est pas forcément simple d’innover sur la base de l’idée de quelqu’un d’autre. Il y a au fond de chacun de nous un sentiment de satisfaction personnelle dès lors qu’une de nos idées est valorisée.
S’ouvrir pour innover
En réalité, face aux enjeux et à la complexité du monde, on se rend bien compte qu’il est difficile de résoudre certains problèmes tout seul. On ne peut plus innover en vase clos chacun dans son coin…
Le challenge est donc de favoriser l’innovation ouverte dans un cadre serein où les peurs s’estompent. C’est la raison pour laquelle il est intéressant d’identifier tous les leviers possibles pour s’inscrire dans cette démarche d’open innovation et ce que l’on peut en attendre.
Chaque entreprise à son histoire et sa manière de fonctionner. C’est pourquoi il est important de choisir le modèle d’ouverture qui convient le mieux et ainsi instaurer une culture d’innovation propice aux coopérations.
Mieux comprendre l’open innovation
Un changement de contexte
Jusque dans les années 70, les entreprises vivaient plutôt dans un monde d’innovations « fermées ». Elles innovaient essentiellement en interne en intégrant toutes les compétences et cherchaient à protéger leurs innovations en les maintenant confidentielles.
Chacun développait ses technologies sans faire l’effort d’assimiler des innovations provenant de l’extérieur. Il faut dire que tout le monde fonctionnait de la même manière, ce qui rendait difficile l’identification d’opportunité.
C’est Henry Chesbrough – professeur à l’université de Berkeley – qui a popularisé en 2003 le terme d’open innovation et d’entonnoir dans son livre « Open Innovation: The New Imperative for Creating and Profiting from Technology ».
Il explique dans ce livre comment la révolution de l’information a rendu la connaissance beaucoup plus fluide notamment grâce au numérique (plateformes collaboratives, intranets, réseaux sociaux, etc.). Il observe aussi que la croissance du capital-risque a créé une pression forte et durable en faveur d’une commercialisation rapide des technologies existantes.
Les enjeux de l’innovation ouverte
Il ne vous a pas échappé que le cycle de vie de l’innovation est de plus en plus court et la concurrence de plus en plus rude. Chaque entreprise est donc contrainte à innover en permanence dans un monde de plus en plus imprévisible.
En même temps, les crises successives ont fait que les entreprises ne peuvent plus se permettre d’avoir des équipes internes de R&D aussi étoffées qu’auparavant. Coopérer est devenu une histoire de survie.
D’autant plus que la forte activité des start-up participe aussi à « secouer le cocotier ». Du fait de leur agilité et leur capacité à intégrer les technologies, elles deviennent des actrices de plus en plus importantes.
Dans ce contexte, où tout se complexifie et s’accélère, il est de bon ton d’être rapide et souple sur ses appuis pour réussir à s’adapter. L’open innovation propose des solutions face à ces enjeux.
Les avantages de l’open innovation
Tout d’abord, il faut rappeler que le partage de la connaissance et le fait de collaborer favorisent les synergies. C’est une ressource essentielle dans le processus créatif. C’est ce qui permet à de nombreux innovateurs de porter un regard différent sur le monde : bien utile pour conquérir de nouveaux marchés.
En ouvrant son entreprise à l’intérieur et à l’extérieur, on décloisonne les processus linéaires de création de valeur pour en multiplier l’efficacité. Ce qui permet de réduire les coûts R&D, mais aussi (ce qui n’est pas rien) de partager les risques.
De plus, l’open innovation permet de créer des challenges motivants pour les équipes. Ça favorise l’épanouissement au travail, car il est toujours plus agréable de réussir en équipe.
Les limites de l’innovation ouverte
Il est utile de ne pas se refermer sur soi, mais il ne faut pas non plus être naïf ! Chacun est ouvert oui, mais pas totalement … Dites-vous que dans l’open Innovation toutes les données ne circulent pas, tout simplement, car certaines sont stratégiques. Ce n’est pas forcément un frein, mais il faut le prendre en compte.
Par ailleurs, la vitesse des uns n’est pas celle des autres. Ce qui peut faire naître certaines frustrations. C’est d’autant plus le cas lorsque les entités qui collaborent sont de tailles très différentes.
Une startup en mode « Zodiac » sera souvent en rogne contre la lenteur du processus de prise de décision d’une grande entreprise qui se déplace avec l’inertie d’un « paquebot ».
On observe aussi que l’innovation est souvent une histoire de femmes et d’hommes. De ce fait dès lors qu’il y a un turnover trop important d’un côté comme de l’autre cela peut pénaliser la coopération.
Mais la limite sans doute la plus importante est celle de la propriété industrielle. Il faut dire que la démarche d’ouverture va à l’encontre du modèle d’innovation traditionnel qui s’est construit sur les brevets et le secret.
C’est la raison pour laquelle, il est capital de bien contractualiser la collaboration pour que les choses soient claires dès le début. Il est vraiment important de clarifier cela avant, car le flou et le doute ne favorisent pas la coopération.
L’état d’esprit pour se lancer dans l’Open innovation
Donner pour recevoir
Comme dans toute relation, on peut souvent avoir l’impression d’un déséquilibre de l’apport et de qui contrôle quoi. Et cela peut nuire à la coopération si on sous-estime ce sentiment.
En réalité la solution réside avant tout dans l’implication totale de part et d’autre. Il n’y a pas trop de questions à se poser, il faut travailler en confiance et dépasser l’idée que l’on donne plus que l’autre, car ce n’est qu’une histoire de point de vue.
Accepter l’incertitude
Nous vivons dans un monde incertain et ce n’est pas toujours facile à vivre. Mais en réalité, il n’y a pas d’autre choix que de l’accepter. Il faut se dire qu’au-delà des risques il existe aussi des opportunités, car rien n’est écrit à l’avance. Et justement, l’open innovation favorise l’émergence de ces opportunités.
Par ailleurs, il ne faut pas se lancer dans l’open innovation avec des idées toutes faites sur la solution. Au contraire il est préférable de se laisser imprégner de nouvelles données et de nouvelles manières de faire. La magie opère dès lors que l’on s’ouvre au changement.
7 moyens pour favoriser l’innovation ouverte
Il est important de comprendre qu’il existe autant de façons de mettre en œuvre une innovation ouverte qu’il y a d’organisations. La première chose à faire est de choisir celle qui peut s’adapter le mieux à votre entreprise.
Pour vous permettre d’y voir plus clair, voici un tour d’horizon des solutions qui s’offrent à vous. Cette liste n’est pas exhaustive, mais elle donne déjà une bonne idée des possibilités.
1. En interne
- Créer des échanges entre les services
- Organiser des séances de créativité multi-métiers
- Mettre en place une boîte à idées et la faire vivre
- Organiser une journée où vous faites le travail d’un de vos collègues
2. Avec vos fournisseurs
- Inviter vos fournisseurs et présenter vos axes d’innovations
- Visiter vos fournisseurs et favoriser les échanges pour faire apparaître de nouvelles opportunités
3. Avec vos clients et les utilisateurs de vos produits
- Impliquer vos clients dans la création de vos produits
- Créer des rencontres avec les utilisateurs extrêmes
- Tester vos produits avec vos clients sur le terrain
4. Avec une école ou une université
- Proposer des sujets de stage ou de projet de fin d’études
- Construire avec des enseignants des sujets de travaux pratiques
- Solliciter des labos qui ont réalisé des travaux dans votre domaine
5. À travers un événement
- Participer à un Hackaton ou un Maker camp externe
- En organiser un au sein de votre entreprise
- Organiser un concours sous la forme d’un appel à projets ou d’un challenge d’idées
6. Avec un tiers lieu ou une communauté
- Travailler en coworking pour provoquer des rencontres improbables
- Sous-traiter une étude à un Fab lab
7. Avec une autre entreprise
- Rejoindre un projet collaboratif sur un thème donné
- Créer un partenariat avec une startup en lien avec votre projet
- Rencontrer des inventeurs pour éventuellement acheter un brevet existant
- Créer des rencontres sur des salons professionnels pour imaginer de nouveaux partenariats
Et maintenant ?
Comme souvent le plus dur est de faire le premier pas. Mais en réalité il ne faut pas vous poser trop de questions. Dites vous que vous êtes loin d’imaginer ce que pourra vous apporter l’open innovation.
La bonne démarche est de se lancer et adapter les choses en cours de route : c’est en marchant que l’on apprend à marcher !
Voilà, c’est la fin de cet article. Si vous avez trouvé le contenu intéressant, n’hésitez pas à poster vos commentaires ou vos questions en bas de cette page, et à le partager avec vos amis ou vos collègues si vous pensez que ça pourrait leur être utile ! 🙂
1 réponse pour "Comment favoriser l’open innovation avec sérénité"
Bonjour très bel article Je dois patienter Pour le moment,je ne suis pas à cet étape je fais de la marche un peut plus encore une fois de plus sujet enrichissant.